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SOUVENIRS SOUVENIRS

J'ai appris aujourd'hui qu'un ancien bon camarade de lyce tait devenu ralisateur - de clips pour le moment... -
et a me fait drle...


xoss:
Pas du tout fan de la zik mais le clip claque....
nicholasstjohn:
Ouais la musique c'est vraiment un ersatz de tout ce qui se faisait il y a quinze ans...pour le clip mon pote est fan de John Woo, d'o tous ces plans syncops...sinon l'ambiance a me fait penser "Disintegration" de The Cure... cause de la toile d'araigne au dbut... lol
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poopy:
J'adore cette nana! love
nomia:
Pt'ain dire qu'elle tait dans ma ville et que j'ai pas eu de places frown
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fragil:
??? C quoi le problme au juste? blackeyed
nicholasstjohn:
Alors, le situationnisme...

1


Toute la vie des socits dans lesquelles rgnent les conditions modernes de production s'annonce comme une immense accumulation de spectacles. Tout ce qui tait directement vcu s'est loign dans une reprsentation.





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Les images qui se sont dtaches de chaque aspect de la vie fusionnent dans un cours commun, o l'unit de cette vie ne peut plus tre rtablie. La ralit considre partiellement se dploie dans sa propre unit gnrale en tant que pseudo-monde part, objet de la seule contemplation. La spcialisation des images du monde se retrouve, accomplie, dans le monde de l'image autonomis, o le mensonger s'est menti lui mme. Le spectacle en gnral, comme inversion concrte de la vie, est le mouvement autonome du non-vivant.





3


Le spectacle se reprsente la fois comme la socit mme, comme une partie de la socit, et comme instrument d'unification. En tant que partie de la socit, il est expressment le secteur qui concentre tout regard et toute conscience. Du fait mme que ce secteur est spar, il est le lieu du regard abus et de la fausse conscience ; et l'unification qu'il accomplit n'est rien d'autre qu'un langage officiel de la sparation gnralise.





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Le spectacle n'est pas un ensemble d'images, mais un rapport social entre des personnes, mdiatis par des images.





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Le spectacle ne peut tre compris comme l'abus d'un mode de la vision, le produit des techniques de diffusion massive des images. Il est bien plutt une Weltanschauung devenue effective, matriellement traduite. C'est une vision du monde qui s'est objective.





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Le spectacle, compris dans sa totalit, est la fois le rsultat et le projet du mode de production existant. Il n'est pas un supplment au monde rel, sa dcoration surajoute. Il est le coeur de l'irralisme de la socit relle. Sous toute ses formes particulires, information ou propagande, publicit ou consommation directe de divertissements, le spectacle constitue le modle prsent de la vie socialement dominante. Il est l'affirmation omniprsente du choix dj fait dans la production, et sa consommation corollaire. Forme et contenu du spectacle sont identiquement la justification totale des conditions et des fins du systme existant. Le spectacle est aussi la prsence permanente de cette justification, en tant qu'occupation de la part principale du temps vcu hors de la production moderne.





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La sparation fait elle-mme partie de l'unit du monde, de la praxis sociale globale qui s'est scinde en ralit et en image. La pratique sociale, devant laquelle se pose le spectacle autonome, est aussi la totalit relle qui contient le spectacle. Mais la scission dans cette totalit la mutile au point de faire apparatre le spectacle comme son but. Le langage spectaculaire est constitu par des signes de la production rgnante, qui sont en mme temps la finalit dernire de cette production.





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On ne peut opposer abstraitement le spectacle et l'activit sociale effective ; ce ddoublement est lui-mme ddoubl. Le spectacle qui inverse le rel est effectivement produit. En mme temps la ralit vcue est matriellement envahie par la contemplation du spectacle, et reprend en elle-mme l'ordre spectaculaire en lui donnant une adhsion positive. La ralit objective est prsente des deux cts. Chaque notion ainsi fixe n'a pour fond que son passage dans l'oppos : la ralit surgit dans le spectacle, et le spectacle est rel. Cette alination rciproque est l'essence et le soutien de la socit existante.





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Dans le monde rellement renvers, le vrai est un moment du faux.





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Le concept de spectacle unifie et explique une grande diversit de phnomnes apparents. Leurs diversits et contrastes sont les apparences de cette apparence organise socialement, qui doit tre elle-mme reconnue dans sa vrit gnrale. Considr selon ses propres termes, le spectacle est l'affirmation de l'apparence et l'affirmation de toute vie humaine, c'est--dire sociale, comme simple apparence. Mais la critique qui atteint la vrit du spectacle le dcouvre comme la ngation visible de la vie ; comme une ngation de la vie qui est devenue visible.





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Pour dcrire le spectacle, sa formation, ses fonctions, et les forces qui tendent sa dissolution, il faut distinguer artificiellement des lments insparables. En analysant le spectacle, on parle dans une certaine mesure le langage mme du spectaculaire, en ceci que l'on passe sur le terrain mthodologique de cette socit qui s'exprime dans le spectacle. Mais le spectacle n'est rien d'autre que le sens de la pratique totale d'une formation conomique-sociale, son emploi du temps. C'est le moment historique qui nous contient.





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Le spectacle se prsente comme une norme positivit indiscutable et inaccessible. Il ne dit rien de plus que ce qui apparat est bon, ce qui est bon apparat . L'attitude qu'il exige par principe est cette acceptation passive qu'il a dj en fait obtenue par sa manire d'apparatre sans rplique, par son monopole de l'apparence.





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Le caractre fondamentalement tautologique du spectacle dcoule du simple fait que ses moyens sont en mme temps son but. Il est le soleil qui ne se couche jamais sur l'empire de la passivit moderne. Il recouvre toute la surface du monde et baigne indfiniment dans sa propre gloire.





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La socit qui repose sur l'industrie moderne n'est pas fortuitement ou superficiellement spectaculaire, elle est fondamentalement spectacliste. Dans le spectacle, image de l'conomie rgnante, le but n'est rien, le dveloppement est tout. Le spectacle ne veut en venir rien d'autre qu' lui-mme.





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En tant qu'indispensable parure des objets produits maintenant, en tant qu'expos gnral de la rationalit du systme, et en tant que secteur conomique avanc qui faonne directement une multitude croissante d'images-objets, le spectacle est la principale production de la socit actuelle.





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Le spectacle soumet les hommes vivants dans la mesure o l'conomie les a totalement soumis. Il n'est rien que l'conomie se dveloppant pour elle-mme. Il est le reflet fidle de la production des choses, et l'objectivation infidle des producteurs.





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La premire phase de la domination de l'conomie sur la vie sociale avait entran dans la dfinition de toute ralisation humaine une vidente dgradation de l'tre en avoir. La phase prsente de l'occupation totale de la vie sociale par les rsultats accumuls de l'conomie conduit un glissement gnralis de l'avoir au paratre, dont tout avoir effectif doit tirer son prestige immdiat et sa fonction dernire. En mme temps toute ralit individuelle est devenue sociale, directement dpendante de la puissance sociale, faonne par elle. En ceci seulement qu'elle n'est pas, il lui est permis d'apparatre.





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L o le monde rel se change en simples images, les simples images deviennent des tres rels, et les motivations efficientes d'un comportement hypnotique. Le spectacle, comme tendance faire voir par diffrentes mdiations spcialises le monde qui n'est plus directement saisissable, trouve normalement dans la vue le sens humain privilgi qui fut d'autres poques le toucher ; le sens le plus abstrait, et le plus mystifiable, correspond l'abstraction gnralise de la socit actuelle. Mais le spectacle n'est pas identifiable au simple regard, mme combin l'coute. Il est ce qui chappe l'activit des hommes, la reconsidration et la correction de leur oeuvres. Il est le contraire du dialogue. Partout o il y a reprsentation indpendante, le spectacle se reconstitue.





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Le spectacle est l'hritier de toute la faiblesse du projet philosophique occidental qui fut une comprhension de l'activit, domin par les catgories du voir ; aussi bien qu'il se fonde sur l'incessant dploiement de la rationalit technique prcise qui est issue de cette pense. Il ne ralise pas la philosophie, il philosophie la ralit. C'est la vie concrte de tous qui s'est dgrade en univers spculatif.





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La philosophie, en tant que pouvoir de la pense spare, et pense du pouvoir spar, n'a jamais pu par elle-mme dpasser la thologie. Le spectacle est la reconstruction matrielle de l'illusion religieuse. La technique spectaculaire n'a pas dissip les nuages religieux o les hommes avaient plac leurs propres pouvoirs dtachs d'eux : elle les a seulement relis une base terrestre. Ainsi c'est la vie la plus terrestre qui devient opaque et irrespirable. Elle ne rejette plus dans le ciel, mais elle hberge chez elle sa rcusation absolue, son fallacieux paradis. Le spectacle est la ralisation technique de l'exil des pouvoirs humains dans un au-del ; la scission acheve l'intrieur de l'homme.





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A mesure que la ncessit se trouve socialement rve, le rve devient ncessaire. Le spectacle est le mauvais rve de la socit moderne enchane, qui n'exprime finalement que son dsir de dormir. Le spectacle est le gardien de ce sommeil.





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Le fait que la puissance pratique de la socit moderne s'est dtache d'elle-mme, et s'est difi un empire indpendant dans le spectacle, ne peut s'expliquer que par cet autre fait que cette pratique puissante continuait manquer de cohsion, et tait demeure en contradiction avec elle-mme.





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C'est la plus vieille spcialisation sociale, la spcialisation du pouvoir, qui est la racine du spectacle. Le spectacle est ainsi une activit spcialise qui parle pour l'ensemble des autres. C'est la reprsentation diplomatique de la socit hirarchique devant elle-mme, o toute autre parole est bannie. Le plus moderne y est aussi le plus archaque.





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Le spectacle est le discourt ininterrompu que l'ordre prsent tient sur lui-mme, son monologue logieux. C'est l'auto-portrait du pouvoir l'poque de sa gestion totalitaire des conditions d'existence. L'apparence ftichiste de pure objectivit dans les relations spectaculaires cache leur caractre de relation entre hommes et entre classes : une seconde nature parat dominer notre environnement de ses lois fatales. Mais le spectacle n'est pas ce produit ncessaire du dveloppement technique regard comme dveloppement naturel. La socit du spectacle est au contraire la forme qui choisit son propre contenu technique. Si le spectacle, pris sous l'aspect restreint des moyens de communication de masse , qui sont sa manifestation superficielle la plus crasante, peut paratre envahir la socit comme une simple instrumentation, celle-ci n'est en fait rien de neutre, mais l'instrumentation mme qui convient son auto-mouvement total. Si es besoins sociaux de l'poque o se dveloppent de telles techniques ne peuvent trouver de satisfaction que par leur mdiation, si l'administration de cette socit et tout contact entre les hommes ne peuvent plus s'exercer que par l'intermdiaire de cette puissance de communication instantane, c'est parce que cette communication est essentiellement unilatrale ; de sorte que sa concentration revient accumuler dans les mains de l'administration du systme existant les moyens qui lui permettent de poursuivre cette administration dtermine. La scission gnralise du spectacle est insparable est insparable de l'Etat moderne, c'est--dire de la forme gnrale de la scission dans la socit, produit de la division du travail social et organe de la domination de classe.





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La sparation est l'alpha et l'omga du spectacle. L'institutionnalisation de la division sociale du travail, la formation des classes avaient construit une premire contemplation sacre, l'ordre mythique dont tout pouvoir s'enveloppe ds l'origine. Le sacr a justifi l'ordonnance cosmique et ontologique qui correspondait aux intrts des matres, il a expliqu et embelli ce que la socit ne pouvait pas faire. Tout pouvoir spar a donc t spectaculaire, mais l'adhsion de tous une telle image immobile ne signifiait que la reconnaissance commune d'un prolongement imaginaire pour la pauvret de l'activit sociale relle, encore largement ressentie comme une condition unitaire. Le spectacle moderne exprime au contraire ce que la socit peut faire, mais dans cette expression le permis s'oppose absolument au possible. Le spectacle est la conservation de l'inconscience dans le changement pratique des conditions d'existence. Il est son propre produit, et c'est lui-mme qui a pos ses rgles : c'est un pseudo sacr. Il montre ce qu'il est : la puissance spare se dveloppant en elle-mme, dans la croissance de la productivit au moyen du raffinement incessant de la division du travail en parcellarisation de gestes, alors domins par le mouvement indpendant des machines ; et travaillant pour un march toujours plus tendu. Toute communaut et tout sens critique se sont dissous au long de ce mouvement, dans le quel les forces qui ont pu grandir en se sparant ne se sont pas encore retrouves.





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Avec la sparation gnralise du travailleur et de son produit, se perdent tout point de vue unitaire sur l'activit accomplie, toute communication personnelle directe entre les producteurs. Suivant le progrs de l'accumulation des produits spars, et de la concentration du processus productif, l'unit et la communication deviennent l'attribut exclusif de la direction du systme. La russite du systme conomique de la sparation est la proltarisation du monde.





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Par la russite mme de la production spare en tant que production du spar, l'exprience fondamentale lie dans les socits primitives un travail principal est en train de se dplacer, au ple de dveloppement du systme, vers le non-travail, l'inactivit. Mais cette inactivit n'est en rien libre de l'activit productrice : elle dpend d'elle, elle est soumission inquite et admirative aux ncessits et aux rsultats de la production ; elle est elle-mme un produit de sa rationalit. Il ne peut y avoir de libert hors de l'activit, et dans le cadre du spectacle toute activit est nie, exactement comme l'activit relle a t intgralement capte pour l'dification globale de ce rsultat. Ainsi l'actuelle libration du travail , l'augmentation des loisirs, n'est aucunement libration dans le travail, ni libration d'un monde faonn par ce travail. Rien de l'activit vole dans le travail ne peut se retrouver dans la soumission son rsultat.





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Le systme conomique fond sur l'isolement est une production circulaire de l'isolement. L'isolement fonde la technique, et le processus technique isole en retour. De l'automobile la tlvision, tous les biens slectionns par le systme spectaculaire sont aussi ses armes pour le renforcement constant des conditions d'isolement des foules solitaires . Les spectacle retrouve toujours plus concrtement ses propres prsuppositions.





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L'origine du spectacle est la perte d'unit du monde, et l'expansion gigantesque du spectacle moderne exprime la totalit de cette perte : l'abstraction de tout travail particulier et l'abstraction gnrale de la production d'ensemble se traduisent parfaitement dans le spectacle, dont le mode d'tre concret est justement l'abstraction. Dans le spectacle, une partie du monde se reprsente devant le monde, et lui est suprieure. Le spectacle n'est que le langage commun de cette sparation. Ce qui relie les spectateurs n'est qu'un rapport irrversible au centre mme qui maintient leur isolement. Le spectacle runit le spar, mais il le runit en tant que spar.





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L'alination du spectateur au profit de l'objet contempl (qui est le rsultat de sa propre activit inconsciente) s'exprime ainsi : plus il contemple, moins il vit ; plus il accepte de se reconnatre dans les images dominantes du besoin, moins il comprend sa propre existence et son propre dsir. L'extriorit du spectacle par rapport l'homme agissant apparat en ce que ses propres gestes ne sont plus lui, mais un autre qui les lui reprsentent. C'est pourquoi le spectateur ne se sent chez lui nulle part, car le spectacle est partout.





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Le travailleur ne se produit pas lui-mme, il produit une puissance indpendante. Le succs de cette production, son abondance, revient vers le producteur comme abondance de la dpossession. Tout le temps et l'espace de son monde lui deviennent trangers avec l'accumulation de ses produits alins. Le spectacle est la carte de ce nouveau monde, carte qui recouvre exactement son territoire. Les forces mme qui nous ont chapp se montrent nous dans toute leur puissance.





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Le spectacle dans la socit correspond une fabrication concrte de l'alination. L'expansion conomique est principalement l'expansion de cette production industrielle prcise. Ce qui crot avec l'conomie se mouvant pour elle-mme ne peut tre que l'alination qui tait justement dans son noyau originel.





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L'homme spar de son produit, de plus en plus puissamment produit lui-mme tous les dtails de son monde, et ainsi se trouve de plus en plus spar de son monde. D'autant plus sa vie est maintenant son produit, d'autant plus il est spar se sa vie.





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Le spectacle est le capital un tel degr d'accumulation qu'il devient image.





II. La marchandise comme spectacle


Car ce n'est que comme catgorie universelle de l'tre social total que la marchandise peut tre comprise dans son essence authentique. Ce n'est que dans ce contexte que la rification surgie du rapport marchand acquiert une signification dcisive, tant pour l'volution objective de la socit que pour l'attitude des hommes son gard, pour la soumission de leur conscience aux formes dans lesquelles cette rification s'exprime... Cette soumission s'accrot encore du fait que plus la rationalisation et la mcanisation du processus de travail augmentent, plus l'activit du travailleur perd son caractre d'activit pour devenir une attitude contemplative.


Lukcs (Histoire et conscience de classe)





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A ce mouvement essentiel du spectacle, qui consiste reprendre en lui tout ce qui existait dans l'activit humaine l'tat fluide, pour le possder l'tat coagul, en tant que choses qui sont devenues la valeur exclusive par leur formulation en ngatif de la valeur vcue, nous reconnaissons notre vieille ennemie qui sait si bien paratre au premier coup d'oeil quelque chose de trivial et se comprenant de soi-mme, alors qu'elle est au contraire si complexe et si pleine de subtilits mtaphysiques, la marchandise.





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C'est le principe du ftichisme de la marchandise, la domination de la socit par des choses suprasensibles bien que sensibles , qui s'accomplit absolument dans le spectacle, o le mode sensible se trouve remplac par une slection d'images qui existe au-dessus de lui, et qui en mme temps s'est fait reconatre comme le sensible par excellence.





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Le monde la fois prsent et absent que le spectacle fait voir au monde de la marchandise dominant tout ce qui est vcu. Et le monde de la marchandise est ainsi montr comme il est, car son mouvement est identique l'loignement des hommes entre eux et vis--vis de leur produit global.





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La perte de la qualit, si vidente tous les niveaux du langage spectaculaire, des objets qu'il loue et des conduites qu'il rgle, ne fait que traduire les caractres fondamentaux de la production relle qui carte la ralit : la forme-marchandise est de part en part l'galit soi-mme, la catgorie du quantitatif. C'est le quantitatif qu'elle dveloppe, et elle ne peut se dvelopper qu'en lui.





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Ce dveloppement qui exclut le qualitatif est lui-mme soumis, en tant que dveloppement, au passage qualitatif : le spectacle signifie qu'il a franchi le seuil de sa propre abondance ; ceci n'est encore vrai localement que sur quelques points, mais dj vrai l'chelle universelle qui est la rfrence originelle de la marchandise, rfrence que son mouvement pratique, rassemblant la Terre comme march mondial, a vrifi.





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Le dveloppement des forces productives a t l'histoire relle inconsciente qui a construit et modifi les conditions d'existence des groupes humains en tant que condition de survie, et largissement de ces conditions : la base conomique de toutes leurs entreprises. Le secteur de la marchandise a t, l'intrieur d'une conomie naturelle, la constitution d'un surplus de la survie. La production des marchandises, qui implique l'change de produits varis entre des producteurs indpendants, a pu rester longtemps artisanale, contenue dans une fonction conomique marginale o sa vrit quantitative est encore masque. Cependant, l o elle a rencontr les conditions sociales du grand commerce et de l'accumulation des capitaux, elle a saisi la domination totale de l'conomie. L'conomie tout entire est alors devenue ce que la marchandise s'tait montre tre au cours de cette conqute : un processus de dveloppement quantitatif. Ce dploiement incessant de la puissance conomique sous la forme de la marchandise, qui a transfigur le travail humain en travail-marchandise, en salariat, aboutit cumulativement une abondance dans laquelle la question premire de la survie est sans doute rsolue, mais d'une manire telle qu'elle doit se retrouver toujours : elle est chaque fois pose de nouveau un degr suprieur. La croissance conomique libre les socits de la pression naturelle qui exigeait leur lutte immdiate pour la survie, mais alors c'est de leur librateur qu'elles ne sont pas libres. L'indpendance de la marchandise s'est tendue l'ensemble de l'conomie sur laquelle elle rgne. L'conomie transforme le monde, mais le transforme seulement en monde de l'conomie. La pseudo-nature dans laquelle le travail humain s'est alin exige de poursuivre l'infini son service, et ce service, n'tant jug et absous que par lui-mme, en fait obtient la totalit des efforts et des projets socialement licites, comme ses serviteurs. L'abondance des marchandises, c'est dire du rapport marchand, ne peut tre plus que la survie augmente.





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La domination de la marchandise s'est d'abord exerce d'une manire occulte sur l'conomie, qui elle-mme, en tant que base matrielle de la vie sociale, restait inaperue et incomprise, comme le familier qui n'est pas pour autant connu. Dans une socit o la marchandise concrte reste rare ou minoritaire, c'est la domination apparente de l'argent qui se prsente comme l'missaire muni des pleins pouvoirs qui parle au nom d'une puissance inconnue. Avec la rvolution industrielle, la division manufacturire du travail et de la production massive pour le march mondial, la marchandise apparat effectivement, comme une puissance qui vient rellement occuper la vie sociale. C'est alors que se constitue l'conomie politique, comme science dominante et comme science de la domination.





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Le spectacle est le moment o la marchandise est parvenue l'occupation totale de la vie sociale. Non seulement le rapport la marchandise est visible, mais on ne voit plus que lui : le monde que l'on voit est son monde. La production conomique moderne tend sa dictature extensivement et intensivement. Dans les lieux les moins industrialiss, son rgne est dj prsent avec quelques marchandises-vedettes et en tant que domination imprialiste par les zones qui sont en tte dans le dveloppement de la productivit. Dans ces zones avances, l'espace social est envahi par une superposition continue de couches gologiques de marchandises. A ce point de la deuxime rvolution industrielle , la consommation aline devient pour les masses un devoir supplmentaire la production aline. C'est tout le travail vendu d'une socit qui devient globalement la marchandise totale dont le cycle doit se poursuivre. Pour ce faire, il faut que cette marchandise totale revienne fragmentairement l'individu fragmentaire, absolument spar des forces productives oprant comme un ensemble. C'est donc ici que la science spcialise de la domination doit se spcialiser son tour : elle s'miette en sociologie, psychotechnique, cyberntique, smiologie, etc., veillant l'autorgulation de tous les niveaux du processus.





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Alors que dans la phase primitive de l'accumulation capitaliste l'conomie politique ne voit dans le proltaire que l'ouvrier , qui doit recevoir le minimum indispensable pour la conservation de sa force de travail, sans jamais le considrer dans ses loisirs, dans son humanit , cette position des ides de la classe dominante se renverse aussitt que le degr d'abondance atteint dans la production des marchandises exige un surplus de collaboration de l'ouvrier. Cet ouvrier soudain lav du mpris total qui lui est clairement signifi par toutes les modalits d'organisation et surveillance de la production, se retrouve chaque jour en dehors de celle-ci apparemment trait comme un grande personne, avec une politesse empresse, sous le dguisement du consommateur. Alors, l'humanisme de la marchandise prend en charge les loisirs et l'humanit du travailleur, tout simplement parce que l'conomie politique peut et doit maintenant dominer ces sphres en tant qu'conomie politique. Ainsi le reniement achev de l'homme a pris en charge la totalit de l'existence humaine.





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Le spectacle est une guerre de l'opium permanente pour faire accepter l'identification des biens aux marchandises ; et de la satisfaction la survie augmentant selon ses propres lois. Mais si la survie consommable est quelque chose qui doit augmenter toujours, c'est parce qu'elle ne cesse de contenir la privation. S'il n'y a aucun au-del de la survie augmente, aucun point o elle pourrait cesser sa croissance, c'est parce qu'elle n'est pas elle-mme au del de la privation, mais qu'elle est la privation devenue plus riche.





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Avec l'automation, qui est la fois le secteur le plus avanc de l'industrie moderne, et le modle o se rsume parfaitement sa pratique, il faut que le monde de la marchandise surmonte cette contradiction : l'instrumentation technique qui supprime objectivement le travail doit en mme temps conserver le travail comme marchandise, et seul lieu de naissance de la marchandise. Pour que l'automation, ou toute autre forme moins extrme de l'accroissement de la productivit du travail, ne diminue pas effectivement le temps de travail social ncessaire l'chelle de la socit, il est ncessaire de crer de nouveaux emplois. Le secteur tertiaire, les services, sont l'immense tirement des lignes d'tapes de l'arme de la distribution et de l'loge des marchandises actuelles ; mobilisation des forces suppltives qui rencontre opportunment, dans la facticit mme des besoins relatifs de telles marchandises, la ncessit d'une telle organisation de l'arrire-travail.





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La valeur d'change n'a pu se former qu'en tant qu'agent de la valeur d'usage, mais sa victoire par ses propres armes a cr les conditions de sa domination autonome. Mobilisant tout usage humain et saisissant le monopole de sa satisfaction, elle a fini par diriger l'usage. Le processus de l'change s'est identifi tout usage possible, et l'a rduit sa merci. La valeur d'change est le condottiere de la valeur d'usage, qui finit par mener la guerre pour son propre compte.





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Cette constante de l'conomie capitaliste qui est la baisse tendancielle de la valeur d'usage dveloppe une nouvelle forme de privation l'intrieur de la survie augmente, laquelle n'est pas davantage affranchie de l'ancienne pnurie puisqu'elle exige la participation de la grande majorit des hommes, comme travailleurs salaris, la poursuite infinie de son effort ; et que chacun sait qu'il lui faut se soumettre ou mourir. C'est la ralit de ce chantage, le fait que l'usage sous sa forme la plus pauvre (manger, habiter) n'existe plus qu'emprisonn dans la richesse illusoire de la survie augmente, qui est la base relle de l'acceptation de l'illusion en gnral dans la consommation des marchandises modernes. Le consommateur rel devient consommateur d'illusions. La marchandise est cette illusion effectivement relle, et le spectacle sa manifestation gnrale.





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La valeur d'usage qui tait implicitement comprise dans la valeur d'change doit tre maintenant explicitement proclame, dans la ralit inverse du spectacle, justement parce que sa ralit effective est ronge par l'conomie marchande surdveloppe : et qu'une pseudo-justification devient ncessaire la fausse vie.





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Le spectacle est l'autre face de l'argent : l'quivalent gnral abstrait de toutes les marchandises. Mais si l'argent a domin la socit en tant que reprsentation de l'quivalence centrale, c'est--dire du caractre changeable des biens multiples dont l'usage restait incomparable, le spectacle est son complment moderne dvelopp o la totalit du monde marchand apparat en bloc, comme une quivalence gnrale ce que l'ensemble de la socit peut tre et faire. Le spectacle est l'argent que l'on regarde seulement, car en lui dj c'est la totalit de l'usage qui s'est change contre la totalit de la reprsentation abstraite. Le spectacle n'est pas seulement le serviteur du pseudo-usage, il est dj en lui-mme le pseudo-usage de la vie.





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Le rsultat concentr du travail social, au moment de l'abondance conomique, devient apparent et soumet toute ralit l'apparence, qui est maintenant son produit. Le capital n'est plus le centre invisible qui dirige le mode de production : son accumulation l'tale jusqu' la priphrie sous formes d'objets sensibles. Toute l'tendue de la socit est son portrait.





51


La victoire de l'conomie autonome doit tre en mme temps sa perte. Les forces qu'elle a dchanes suppriment la ncessit conomique qui a t la base immuable des socits anciennes. Quand elle la remplace par la ncessit du dveloppement conomique infini, elle ne peut que remplacer la satisfaction des premiers besoins humains sommairement reconnus, par une fabrication ininterrompue de pseudo-besoins qui se ramnent au seul pseudo-besoin du maintien de son rgne. Mais l'conomie autonome se spare jamais du besoin profond dans la mesure mme o elle sort de l'inconscient social qui dpendait d'elle sans le savoir. Tout ce qui est conscient s'use. Ce qui est inconscient reste inaltrable. Mais une fois dlivr, ne tombe-t-il pas en ruines son tour? (Freud)





52


Au moment o la socit dcouvre qu'elle dpend de l'conomie, l'conomie, en fait, dpend d'elle. Cette puissance souterraine, qui a grandi jusqu' paratre souverainement, a aussi perdu sa puissance. L o tait le a conomique doit venir le je. Le sujet ne peut merger que de la socit, c'est dire de la lutte qui est en elle-mme. Son existence possible est suspendue aux rsultats de la lutte des classes qui se rvle comme le produit et le producteur de la fondation conomique de l'histoire.





53


La conscience du dsir et le dsir de la conscience sont identiquement ce projet qui, sous sa forme ngative, veut l'abolition des classes, c'est dire la possession directe des travailleurs sur tous les moments de leur activit. Son contraire est la socit du spectacle, o la marchandise se contemple elle-mme dans un monde qu'elle a cr.





III. Unit et division dans l'apparence


Une nouvelle polmique anime se droule dans le pays, sur le front de la philosophie, propos des concepts "un se divise en deux" et "deux fusionnent en un". Ce dbat est une lutte entre ceux qui sont pour et ceux qui contre la dialectique matrialiste, une lutte entre deux conceptions du monde : la conception proltarienne et la conception bourgeoise. Ceux qui soutiennent que "un se divise en deux est la loi fondamentale des choses se tiennent du ct de la dialectique matrialiste : ceux qui soutiennent que la loi fondamentale des chose est que "deux fusionnent en un" sont contre la dialectique matrialiste. Les deux cts ont tir une nette ligne de dmarcation entre eux et leurs arguments sont diamtralement opposs. Cette polmique reflte sur le plan idologique la lutte de classe aigu et complexe qui se droule en Chine et dans le monde.


Le Drapeau rouge de Pkin, 21 Septembre 1964.





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Le spectacle, comme la socit moderne, est la fois uni et divis. Comme elle, il difie son unit sur le dchirement. Mais la contradiction, quand elle merge dans le spectacle, est son tour contredite par un renversement de son sens ; de sorte que la division montre est unitaire, alors que l'unit montre est divise.





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C'est la lutte de pouvoirs qui se sont constitus pour la gestion du mme systme socio-conomique, qui se dploie comme la contradiction officielle appartenant en fait l'unit relle ; ceci l'chelle mondiale aussi bien qu' l'intrieur de chaque nation.





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Les fausses luttes spectaculaires des formes rivales du pouvoir spar sont en mme temps relles, en ce qu'elles traduisent le dveloppement ingal et conflictuel du systme, les intrts relativement contradictoires des classes ou des subdivisions de classes qui reconnaissent le systme, et dfinissent leur propre participation dans son pouvoir. De mme que le dveloppement de l'conomie la plus avance est l'affrontement de certaines priorits contre d'autres, la gestion totalitaire de l'conomie par une bureaucratie d'Etat, et la condition des pays qui se sont trouvs placs dans la sphre de la colonisation ou de la semi-colonisation, sont dfinies par des particularits considrables dans les modalits de la production et du pouvoir. Ces diverses oppositions peuvent se donner, dans le spectacle, selon les critres tout diffrents, comme des formes de socit absolument distinctes. Mais selon leur ralit effective de secteurs particuliers, la vrit de leur particularit rside dans le systme universel qui les contient : dans le mouvement unique qui a fait de la plante son champ, le capitalisme.





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La socit porteuse du spectacle ne domine pas seulement par son hgmonie conomique les rgions sous-dveloppes. Elle les domine en tant que socit du spectacle. L o la base matrielle est encore absente, la socit moderne a dj envahi spectaculairement la surface sociale de chaque continent. Elle dfinit le programme d'une classe dirigeante et prside sa constitution. De mme qu'elle prsente les pseudo-biens convoiter, de mme elle offre aux rvolutionnaires locaux les faux modles de rvolution. Le spectacle propre du pouvoir bureaucratique qui dtient quelques-uns des pays industriels fait prcisment partie du spectacle total, comme sa pseudo-ngation gnrale, et son soutien. Si le spectacle, regard dans ses diverses localisations, montre l'vidence des spcialisations totalitaires de la parole et de l'administration sociales, celles-ci en viennent se fondre, au niveau du fonctionnement global du systme, en une division mondiale des tches spectaculaires.





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La division des tches spectaculaires qui conserve la gnralit de l'ordre existant conserve principalement le ple dominant de son dveloppement. La racine du spectacle est dans le terrain de l'conomie devenue abondante, et c'est de l que viennent les fruits qui tendent finalement dominer le march spectaculaire, en dpit des barrires protectionnistes idologico-policires de n'importe quel spectacle local prtention autarcique.





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Le mouvement de banalisation qui, sous les diversions chatoyantes du spectacle, domine mondialement la socit moderne, la domine aussi sur chacun des points o la consommation dveloppe des marchandises a multipli en apparence les rles et les objets choisir. Les survivances de la religion et de la famille - laquelle reste la forme principale de l'hritage du pouvoir de classe -, et donc de la rpression morale qu'elles assurent, peuvent se combiner comme une mme chose avec l'affirmation redondante de la jouissance de ce monde, ce monde n'tant justement produit qu'en tant que pseudo-jouissance qui garde en elle la rpression. A l'acceptation bate de ce qui existe peut aussi se joindre comme une mme chose la rvolte purement spectaculaire : ceci traduit ce simple fait que l'insatisfaction elle-mme est devenue une marchandise ds que l'abondance conomique s'est trouve capable d'tendre sa production jusqu'au traitement d'une telle matire premire.





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En concentrant en elle l'image d'un rle possible, la vedette, la reprsentation spectaculaire de l'homme vivant, concentre donc cette banalit. La condition vedette est la spcialisation de vcu apparent, l'objet de l'identification la vie apparente sans profondeur, qui doit compenser l'miettement des spcialisations productives effectivement vcues. Les vedettes existent pour figurer des types varis de styles de vie et de styles de comprhension de la socit, libres de s'exercer globalement. Elles incarnent le rsultat inaccessible du travail social, en mimant des sous-produits de ce travail qui sont magiquement transfrs au-dessus de lui comme son but : le pouvoir et les vacances, la dcision et la consommation qui sont au commencement et la fin d'un processus indiscut. L, c'est le pouvoir gouvernemental qui se personnalise en pseudo-vedette ; ici c'est la vedette de la consommation qui se fait plbisciter en tant que pseudo-pouvoir sur le vcu. Mais, de mme que ces activits de la vedette ne sont pas rellement globales, elles ne sont pas varies.





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L'agent du spectacle mis en scne comme vedette est le contraire de l'individu, l'ennemi de l'individu en lui-mme aussi videmment que chez les autres. Passant dans le spectacle comme modle d'identification, il a renonc toute qualit autonome pour s'identifier lui-mme la loi gnrale de l'obissance au cours des choses. La vedette de la consommation, tout en tant extrieurement la reprsentation de diffrents types de personnalit, montre chacun de ces types ayant galement accs la totalit de la consommation, et y trouvant pareillement son bonheur. La vedette de la dcision doit possder le stock complet de ce qui a t admis comme qualits humaines. Ainsi entre elles les divergences officielles sont annules par la ressemblance officielle, qui est la prsupposition de leur excellence en tout. Khrouchtchev tait devenu gnral pour dcider de la bataille de Koursk, non sur le terrain, mais au vingtime anniversaire, quand il se trouvait matre de l'Etat. Kennedy tait rest orateur jusqu' prononcer son loge sur sa propre tombe, puisque Thodore Sorensen continuait ce moment de rdiger pour le successeur les discours dans ce style qui avait tant compt pour faire reconnatre la personnalit du disparu. Les gens admirables en qui le systme se personnifie sont bien connus pour n'tre pas ce qu'ils sont ; ils sont devenus grands hommes en descendant au-dessous de la ralit de la moindre vie individuelle, et chacun le sait.





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Le faux choix dans l'abondance spectaculaire, choix qui rside dans la juxtaposition de spectacles concurrentiels et solidaires comme dans la juxtaposition des rles (principalement signifis et ports par des objets) qui sont la fois exclusifs et imbriqus, se dveloppe en luttes de qualits fantomatiques destines passionner l'adhsion la trivialit quantitative. Ainsi renaissent de fausses oppositions archaques, des rgionalismes ou des racismes chargs de transfigurer en supriorit ontologique fantastique la vulgarit des places hirarchiques dans la consommation. Ainsi se recompose l'interminable srie des affrontements drisoires mobilisant un intrt sous-ludique, du sport de comptition aux lections. L o s'est install la consommation abondante, une opposition spectaculaire principale entre la jeunesse et les adultes vient en premier plan des rles fallacieux : car nulle part il n'existe d'adulte, matre de sa vie, et la jeunesse, le changement de ce qui existe, n'est aucunement la proprit de ces hommes qui sont maintenant jeunes, mais celle du systme conomique, le dynamisme du capitalisme. Ce sont des choses qui rgnent et qui sont jeunes ; qui se chassent et se remplacent elles-mmes.





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C'est l'unit de la misre qui se cache sous les oppositions spectaculaires. Si des formes diverses de la mme alination se combattent sous les masques du choix total, c'est parce qu'elles sont toutes difies sur les contradictions relles refoules. Selon les ncessits du stade particulier de la misre qu'il dment et maintient, le spectacle existe sous une forme concentre ou sous une forme diffuse. Dans les deux cas, il n'est qu'une image d'unification heureuse environne de dsolation et d'pouvante, au centre-tranquille du malheur.





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Le spectaculaire concentr appartient essentiellement au capitalisme bureaucratique, encore qu'il puisse tre import comme technique du pouvoir tatique sur des conomies mixtes plus arrires, ou dans certains moments de crise de capitalisme avanc. La proprit bureaucratique en effet est elle mme concentre en ce sens que le bureaucrate individuel n'a de rapports avec la possession de l'conomie globale que par l'intermdiaire de la communaut bureaucratique, qu'en tant que membre de cette communaut. En outre la production des marchandises, moins dveloppe, se prsente aussi sous forme concentre : la marchandise que la bureaucratie dtient, c'est le travail social total, et ce qu'elle revend la socit, c'est sa survie en bloc. La dictature de l'conomie bureaucratique ne peut laisser aux masses exploites aucune marge notable de choix, puisqu'elle a d tout choisir par elle-mme, et que tout autre choix extrieur, qu'il concerne l'alimentation ou la musique, est donc dj le choix de sa destruction complte. Elle doit s'accompagner d'une violence permanente. L'image impose du bien, dans son spectacle, recueille la totalit de ce qui existe officiellement, et se concentre normalement sur un seul homme, qui est le garant de sa cohsion totalitaire. A cette vedette absolue, chacun doit s'identifier magiquement ou disparatre. Car il s'agit du matre de sa non-consommation, et de l'image hroque d'un sens acceptable pour l'exploitation absolue qu'est en fait l'accumulation primitive acclre par la terreur. Si chaque Chinois doit apprendre Mao, et ainsi tre Mao, c'est qu'il n'a rien d'autre tre. L o domine le spectaculaire concentr domine aussi la police.





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Le spectaculaire diffus accompagne l'abondance des marchandises, le dveloppement non perturb du capitalisme moderne. Ici chaque marchandise prise part est justifie au nom de la grandeur de la production de la totalit des objets, dont le spectacle est un catalogue apologtique. Des affirmations inconciliables se poussent sur la scne du spectacle unifi de l'conomie abondante ; de mme que diffrentes marchandises-vedettes soutiennent simultanment leurs projets contradictoires d'amnagement de la socit, o le spectacle des automobiles veut une circulation parfaite qui dtruit les vieilles cits, tandis que de la ville elle-mme a besoin des quartiers muses. Donc la satisfaction, dj problmatique, qui est rpute appartenir la consommation de l'ensemble est immdiatement falsifie en ceci que le consommateur rel ne peut directement toucher qu'une succession de fragments de ce bonheur marchand, fragments d'o chaque fois la qualit prte l'ensemble est videmment absente.





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Chaque marchandise dtermine lutte pour elle-mme, ne peut pas reconnatre les autres, prtend s'imposer partout comme si elle tait seule. Le spectacle est alors le chant pique de cet affrontement, que la chute d'aucune illusion ne pourrait conclure. Le spectacle ne chante pas les hommes et leurs armes, mais leurs marchandises et leurs passions. C'est dans cette lutte aveugle que chaque marchandise, en suivant sa passion, ralise en fait dans l'inconscience quelque chose de plus lev : le devenir-monde de la marchandise, qui est aussi bien le devenir-marchandise du monde. Ainsi, par une ruse de la raison marchande, le particulier de la marchandise s'use en combattant, tandis que la forme-marchandise va vers sa ralisation absolue.





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La satisfaction que la marchandise abondante ne peut plus donner dans l'usage en vient tre recherche dans la reconnaissance de sa valeur en tant que marchandise : c'est l'usage de la marchandise se suffisant lui-mme; et pour le consommateur l'effusion religieuse envers la libert souveraine de la marchandise. Des vagues d'enthousiasme pour un produit donn, soutenu et relanc par tous les moyens d'information, se propagent ainsi grande allure. Un style de vtements surgit d'un film ; une revue lance des clubs, qui lancent des panoplies diverses. Le gadget exprime ce fait que, dans le moment o la masse des marchandises glisse vers l'aberration, l'aberrant lui-mme devient une marchandise spciale. Dans les porte-cls publicitaires, par exemple, non plus achets mais dons supplmentaires qui accompagnent des objets prestigieux vendus, ou qui dcoulent par change de leur propre sphre, on peut reconnatre la manifestation d'un abandon mystique la transcendance de la marchandise. Celui qui collectionne les porte-cls qui viennent d'tre fabriqus pour tre collectionns accumule les indulgences de la marchandise, un signe glorieux de sa prsence relle parmi ses fidles. L'homme rifi affiche la preuve de son intimit avec la marchandise. Comme dans les transports des convulsionnaires ou miraculs du vieux ftichisme religieux, le ftichisme de la marchandise parvient des moments d'excitation fervente. Le seul usage qui s'exprime encore ici est l'usage fondamental de la soumission.





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Sans doute, le pseudo-besoin impos dans la consommation moderne ne peut tre oppos aucun besoin ou dsir authentique qui ne soit lui-mme faonn par la socit et son histoire. Mais la marchandise abondante est l comme la rupture absolue d'un dveloppement organique de besoins sociaux. Son accumulation mcanique libre un artificiel illimit, devant lequel le dsir vivant reste dsarm. La puissance cumulative d'un artificiel indpendant entrane partout la falsification de la vie sociale





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Dans l'image de l'unification heureuse de la socit par la consommation, la division relle est seulement suspendue jusqu'au prochain non-accomplissement dans le consommable. Chaque produit particulier qui doit reprsenter l'espoir d'un raccourci fulgurant pour accder enfin la terre promise de la consommation totale est prsent crmonieusement son tour comme la singularit dcisive. Mais comme dans le cas de la diffusion instantane des modes de prnoms apparemment aristocratiques qui vont se trouver ports par presque tous les individus du mme ge, l'objet dont on attend un pouvoir singulier n'a pu tre propos la dvotion des masses que parce qu'il avait t tir un assez grand nombre d'exemplaires pour tre consomm massivement. Le caractre prestigieux de ce produit quelconque ne lui vient que d'avoir t plac un moment au centre de la vie sociale, comme le mystre rvl de la finalit de la production. L'objet qui tait prestigieux dans le spectacle devient vulgaire l'instant o il entre chez ce consommateur, en mme temps que chez tous les autres. Il rvle trop tard sa pauvret essentielle, qu'il tient naturellement de la misre de sa production. Mais dj c'est un autre objet qui porte la justification du systme et l'exigence d'tre reconnu.





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L'imposture de la satisfaction doit se dnoncer d'elle-mme en se remplaant, en suivant le changement des produits et celui des conditions gnrales de la production. Ce qui a affirm avec la plus parfaite impudence sa propre excellence dfinitive change pourtant, dans le spectacle diffus mais aussi dans le spectacle concentr, et c'est le systme seul qui doit continuer : Staline comme la marchandise dmode sont dnoncs par ceux-l mmes qui les ont imposs. Chaque nouveau mensonge de la publicit est aussi l'aveu de son mensonge prcdent. Chaque croulement d'une figure du pouvoir totalitaire rvle la communaut illusoire qui l'approuvait unanimement, et qui n'tait qu'un agglomrat de solitudes sans illusion.





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Ce que le spectacle donne comme perptuel est fond sur le changement, et doit changer avec sa base. Le spectacle est absolument dogmatique et en mme temps ne peut aboutir rellement aucun dogme solide. Rien ne s'arrte pour lui ; c'est l'tat qui lui est naturel et toutefois le plus contraire son inclination.





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L'unit irrelle que proclame le spectacle est le masque de la division de classe sur laquelle repose l'unit relle du mode de production capitaliste. Ce qui oblige les producteurs participer l'dification du monde est aussi ce qui les en carte. Ce qui met en relation les hommes affranchis de leurs limitations locales et nationales est aussi ce qui les loigne. Ce qui oblige l'approfondissement du rationnel est aussi ce qui nourrit l'irrationnel de l'exploitation hirarchique et de la rpression. Ce qui fait le pouvoir abstrait de la socit fait sa non-libert concrte.





IV. Le proltariat comme sujet et comme reprsentation


Le droit gal de tous aux biens et aux jouissances de ce monde, la destruction de toute autorit, la ngation de tout frein moral, voil, si l'on descend au fond des choses, la raison d'tre de l'insurrection du 18 mars et la charte de la redoutable association qui lui a fourni une arme.


Enqute parlementaire sur l'insurrection du 18 mars.





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Le mouvement rel qui supprime les conditions existantes gouverne la socit partir de la victoire de la bourgeoisie dans l'conomie, et visiblement depuis la traduction politique de cette victoire. Le dveloppement des forces productives a fait clater les anciens rapports de production, et tout ordre statique tombe en poussire. Tout ce qui tait absolu devient historique.





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C'est en tant jets dans l'histoire, en devant participer au travail et aux luttes qui la constituent, que les hommes se voient contraints d'envisager leurs relations d'une manire dsabuse. Cette histoire n'a pas d'objet distinct de ce qu'elle ralise sur elle-mme, quoique la dernire vision mtaphysique inconsciente de l'poque historique puisse regarder la progression productive travers laquelle l'histoire s'est dploye comme l'objet mme de l'histoire. Le sujet de l'histoire ne peut tre que le vivant se produisant lui-mme, devenant matre et possesseur de son monde qui est l'histoire, et existant comme conscience de son jeu.





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Comme un mme courant se dveloppent les luttes de classes de la longue poque rvolutionnaire inaugure par l'ascension de la bourgeoisie et la pense de l'histoire, la dialectique, la pense qui ne s'arrte plus la recherche du sens de l'tant, mais s'lve la connaissance de la dissolution de tout ce qui est ; et dans le mouvement dissout toute sparation.





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Hegel n'avait plus interprter le monde, mais la transformation du monde. En interprtant seulement la transformation, Hegel n'est n'est que l'achvement philosophique de la philosophie. Il veut comprendre un monde qui se fait lui-mme. Cette pense historique n'est encore que la conscience qui arrive toujours trop tard, et qui nonce la justification post festum. Ainsi, elle n'a dpass la sparation que dans la pense. Le paradoxe qui consiste suspendre le sens de toute ralit son achvement historique, et rvler en mme temps ce sens en se constituant soi-mme en achvement de l'histoire, dcoule de ce simple fait que le penseur des rvolutions bourgeoises des XVII et XVIII sicles n'a cherch dans sa philosophie que la rconciliation avec leur rsultat. Mme comme philosophie de la rvolution bourgeoise, elle n'exprime pas tout le processus de cette rvolution, mais seulement sa dernire conclusion. En ce sens, elle est une philosophie non de la rvolution, mais de la restauration. (Karl Korsch, Thses sur Hegel et la rvolution) Hegel a fait, pour la dernire fois, le travail du philosophe, la glorification de ce qui existe ; mais dj ce qui existait pour lui ne pouvait tre que la totalit du mouvement historique. La position extrieure de la pense tant en fait maintenue, elle ne pouvait tre masque que par son identification un projet pralable de l'Esprit, hros absolu qui a fait ce qu'il a voulu et voulu ce qu'il a fait, et dont l'accomplissement concide avec le prsent. Ainsi, la philosophie qui meurt dans la pense de l'histoire ne peut plus glorifier son monde qu'en le reniant, car pour prendre la parole il lui faut dj supposer finie cette histoire totale o elle a tout ramen ; et close la session du seul tribunal o peut tre rendue la sentence de la vrit





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Quand le proltariat manifeste par sa propre existence en actes que cette pense de l'histoire ne s'est pas oublie, le dmenti de la conclusion est aussi bien la confirmation de la mthode.





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La pense de l'histoire ne peut tre sauve qu'en devenant pense pratique ; et la pratique du proltariat comme classe rvolutionnaire ne peut tre moins que la conscience historique oprant sur la totalit du monde. Tous les courants thoriques du mouvement ouvrier rvolutionnaire sont issus d'un affrontement critique avec la pense hglienne, chez Marx comme chez Stirner et Bakounine.





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Le caractre insparable de la thorie de Marx et de la mthode hglienne est lui-mme insparable du caractre rvolutionnaire de cette thorie, c'est dire de sa vrit. C'est en ceci que cette premire relation a t gnralement ignore ou mal comprise, ou encore dnonce comme le faible de ce qui devenait fallacieusement une doctrine marxiste. Bernstein, dans Socialisme thorique et Socialisme dmocratique pratique, rvle parfaitement cette liaison de la mthode dialectique et de la prise de parti historique, en dplorant les prvisions peu scientifiques du Manifeste de 1847 sur l'imminence de la rvolution proltarienne en Allemagne : Cette auto-suggestion historique, tellement erronée que le premier visionnaire politique venu ne pourrait gure trouver mieux, serait incomprhensible chez un Marx, qui cette poque avait dj srieusement tudi l'conomie, si on ne devait pas voir en elle le produit d'un reste de la dialectique antithtique hglienne, dont Marx, pas plus qu'Engels, n'a jamais su compltement se dfaire. En ces temps d'effervescence gnrale, cela lui a t d'autant plus fatal.





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Le renversement que Marx effectue pour un sauvetage par transfert de la pense des rvolutions bourgeoises ne consiste pas trivialement remplacer par le dveloppement matrialiste des forces productives le parcours de l'Esprit hglien allant sa propre rencontre dans le temps, son objectivation tant identique son alination, et ses blessures historiques ne laissant pas de cicatrices. L'histoire devenue relle n'a plus de fin. Marx a ruin la position spare de Hegel devant ce qui advient ; et la contemplation d'un agent suprme extrieur, quel qu'il soit. La thorie n'a plus connatre que ce qu'elle fait. C'est au contraire la contemplation du mouvement de l'conomie, dans la pense dominante de la socit actuelle, qui est l'hritage non renvers de la part non-dialectique dans la tentative hglienne d'un systme circulaire : c'est une approbation qui a perdu la dimension du concept, et qui n'a plus besoin d'un hglianisme pour se justifier, car le mouvement qu'il s'agit de louer n'est plus qu'un secteur sans pense du monde, dont le dveloppement mcanique domine effectivement le tout. Le projet de Marx est celui d'une histoire consciente. Le quantitatif qui survient dans le dveloppement aveugle des forces productives simplement conomiques doit se changer en appropriation historique qualitative. La critique de l'conomie politique est le premier acte de cette fin de prhistoire : De tous les instruments de production, le plus grand pouvoir productif, c'est la classe rvolutionnaire elle-mme





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Ce qui rattache troitement la thorie de Marx la pense scientifique, c'est la comprhension rationnelle des forces qui s'exercent rellement dans la socit. Mais elle est fondamentalement un au-del de la pense scientifique, o celle-ci n'est conserve qu'en tant dpasse : il s'agit d'une comprhension de la lutte, et nullement de la loi. Nous ne connaissons qu'une seule science : la science de l'histoire dit L'idologie allemande.





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L'poque bourgeoise, qui veut fonder scientifiquement l'histoire, nglige le fait que cette science disponible a bien plutt d tre elle-mme fonde historiquement avec l'conomie. Inversement, l'histoire ne dpend radicalement de cette connaissance qu'en tant que cette histoire reste histoire conomique. Combien la part de l'histoire dans l'conomie mme - le processus global qui modifie ses propres donnes scientifiques de base - a pu tre d'ailleurs nglige par le point de vue de l'observation scientifique, c'est ce que montre la vanit des calculs socialistes qui croyaient avoir tabli la priodicit exacte des crises ; et depuis que l'intervention constante de l'Etat est parvenue compenser l'effet des tendances la crise, le mme genre de raisonnement voit dans cet quilibre une harmonie conomique dfinitive. Le projet de surmonter l'conomie, le projet de la prise de possession de l'histoire, s'il doit connatre - et ramener lui - la science de la socit, ne peut tre lui-mme scientifique. Dans ce dernier mouvement qui croit dominer l'histoire prsente par une connaissance scientifique, le point de vue rvolutionnaire est rest bourgeois.





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Les courants utopiques du socialisme, quoique fonds eux-mmes historiquement dans la critique de l'organisation sociale existante, peuvent tre justement qualifis d'utopiques dans la mesure o ils refusent l'histoire - c'est--dire la lutte relle en cours, aussi bien que le mouvement du temps au del de la perfection immuable de leur image de socit heureuse -, mais non parce qu'ils refuseraient la science. Les penseurs utopistes sont au contraire entirement domins par la pense scientifique, telle qu'elle s'tait impose dans les sicles prcdents. Ils recherchent le parachvement de ce systme rationnel gnral : ils ne se considrent aucunement comme des prophtes dsarms, car ils croient au pouvoir social de la dmonstration scientifique et mme, dans le cas du saint-simonisme, la prise du pouvoir par la science. Comment, dit Sombart, voudraient-ils arracher par des luttes ce qui doit tre prouv ? Cependant la conception scientifique des utopistes ne s'tend pas cette connaissance que des groupes sociaux ont des intrts dans une situation existante, des forces pour la maintenir, et aussi bien des formes de fausse conscience correspondantes de telles positions. Elle reste trs en de de la ralit historique du dveloppement de la science mme, qui s'est trouv en grande partie orient par la demande sociale issue de tels facteurs, qui slectionne non seulement ce qui peut tre admis, mais aussi ce qui peut tre recherch. Les socialistes utopiques, rests prisonniers du mode d'exposition de la vrit scientifique, conoivent cette vrit selon sa pure image abstraite, telle que l'avait vue s'imposer un stade trs antrieur de la socit. Comme le remarquait Sorel, c'est sur le modle de l'astronomie que les utopistes pensent dcouvrir et dmontrer les lois de la socit. L'harmonie vise par eux, hostile l'histoire, dcoule d'un essai d'application la socit de la science la moins dpendante de l'histoire. Elle tente de se faire reconnatre avec la mme innocence exprimentale que le newtonisme, et la destine heureuse constamment postule joue dans leur science sociale un rle analogue ce lui qui revient l'inertie dans la mcanique rationnelle (Matriaux pour une thorie du proltariat).





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Le ct dterministe-scientifique dans la pense de Marx fut justement la brche par laquelle pntra le processus d'idologisation, lui vivant, et d'autant plus dans l'hritage thorique laiss au mouvement ouvrier. La venue du sujet de l'histoire est encore repousse plus tard, et c'est la science historique par excellence, l'conomie, qui tend de plus en plus largement garantir la ncessit de sa propre ngation future. Mais par l est repousse hors du champ de la vision thorique la pratique rvolutionnaire qui est la seule vrit de cette ngation. Ainsi il importe d'tudier patiemment le dveloppement conomique, et d'en admettre encore, avec une tranquillit hglienne, la douleur, ce qui, dans son rsultat, reste cimetire des bonnes intentions. On dcouvre que maintenant, selon la science des rvolutions, la conscience arrive toujours trop tt, et devra tre enseigne. L'histoire nous a donn tort, nous et tous ceux qui pensaient comme nous. Elle a montr clairement que l'tat du dveloppement conomique sur le continent tait alors bien loin encore d'tre mr..., dira Engels en 1895. Toute sa vie, Marx a maintenu le point de vue unitaire de sa thorie, mais l'expos de sa thorie s'est port sur le terrain de la pense dominante en se prcisant sous forme de critiques de disciplines particulires, principalement la critique de la science fondamentale de la socit bourgeoise, l'conomie politique. C'est cette mutilation, ultrieurement accepte comme dfinitive, qui a constitu le marxisme.





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Le dfaut dans la thorie de Marx est naturellement le dfaut de la lutte rvolutionnaire du proltariat de son poque. La classe ouvrire n'a pas dcrt la rvolution en permanence dans l'Allemagne de 1848 ; la Commune a t vaincue dans l'isolement. La thorie rvolutionnaire ne peut donc pas encore atteindre sa propre existence totale. En tre rduit la dfendre et la prciser dans la sparation du travail savant, au British Museum, impliquait une perte dans la thorie mme. Ce sont prcisment les justifications scientifiques tires sur l'avenir du dveloppement de la classe ouvrire, et la pratique organisationnelle combine ces justifications, qui deviendront des obstacles la conscience proltarienne dans un stade plus avanc.





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Toute l'insuffisance thorique dans la dfense scientifique de la rvolution proltarienne ne peut tre ramene, pour le contenu aussi bien que pour la forme de l'expos, une identification du proltariat la bourgeoisie du point de vue de la saisie rvolutionnaire du pouvoir.





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La tendance fonder une dmonstration de la lgalit scientifique du pouvoir proltarien en faisant tat d'exprimentations rptes du pass obscurcit, ds le Manifeste, la pense historique de Marx, en lui faisant soutenir une image linaire du dveloppement des modes de production, entran par des luttes de classes qui finiraient chaque fois par une transformation rvolutionnaire de la socit tout entire ou par la destruction commune des classes en lutte. Mais dans la ralit observable de l'histoire, de mme que le mode de production asiatique, comme Marx le constatait ailleurs a conserv son immobilit en dpit de tous les affrontements de classes, de mme les jacqueries de serf n'ont jamais vaincu les barons, ni les rvoltes d'esclaves de l'Antiquit les hommes libres. Le schma linaire perd de vue d'abord ce fait que la bourgeoisie est la seule classe rvolutionnaire qui ait jamais vaincu ; en mme temps qu'elle est la seule pour qui le dveloppement de l'conomie a t cause et consquence de sa mainmise sur la socit. La mme simplification a conduit Marx ngliger le rle conomique de l'Etat dans la gestion d'une socit: de classes. Si la bourgeoisie ascendante a paru affranchir l'conomie de l'Etat, c'est seulement dan
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L'ARGENT DES NOIRS

Le rappeur amricain "50 cent" son mode de vie et son rapport dcomplex l'argent ne cessent de dclencher l'hystrie, c'en est mme une aubaine pour certains (M Youn...)
Il a mme invent plus ou moins directement un qualificatif destin aux nouveaux riches en gnral et aux vedettes noires en particulier (chanteurs, footballeurs...): je parle bien sr de "bling-bling"...
Mais qu'en est-il de...
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nicholasstjohn:
Je ne comprends pas l'moticone...j'ai fait allemand-anglais l'cole...
lunale:
tu sais bien qu'un noir qui gagne de l'argent en France , a fait louche! (un arabe, j'en parle mme pas, si t'es pas au gouvernement c'est carrment suspect)
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DEBOUT LES DAMNES DU TERTIAIRE...

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Une scne mmorable extraite d'un film de mon matre de cinma...



Le meilleur pour la fin "Friday's child" vu par Philippe Garrel donc, dans "Sauvage innocence"



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Excusez-moi de vous parler de la pluie et du beau temps...mais aujourd'hui il a fait beau Paris.
Je me suis balad, en ai profit pour prendre des photos...mais bon a ne vaut pas San Sebastian...



Je me fais du mal je sais...
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Bon ben j'ai opt pour un avatar, mais pas n'importe lequel...
Bruno Sulak, l' Arsne Lupin des "annes fric"...plus esthtique et plus thique que Thierry Paulin, ce gentleman cambrioleur braquait les bijouteries (avec une prfrence pour Cartier...) dans les annes 80 mettant un point d'honneur ne pas traumatiser les tmoins actifs de ses braquages...
Son dcs, suite une tentative d'vasion (son autre spcialit...), a inspir...
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lunale:
Je viens de lire tes prcedents posts...a me fait penser qu' Strasbourg depuis quelques annes on remplace les cinemas par des boutiques de fringues (dont le centre-ville est deja satur)...ce centre-ville se transforme en immense supermarch o les smicards n'ont pas leur place au vu des loyers qui flambent..
j'aime bien ton avatar

SPOILERS! (Click to view)

et j'aime bien chacun cherche son chat


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nicholasstjohn:
Par del la gentrification qui est finalement l'volution normale d'une logique absurde, ce sont les postures des nombreux "sociologues de suprette" que compte la cinmatographie nationale qui ne laissent pas passer leur tour quand il s'agit d'investir n'importe comment de l'argent vite gagn - souvent des successions, Paris en tout cas... - et de faire monter, de fait, le prix de l'immobilier dans les quartiers abordables...
Peut-tre changerais-je de discours si je deviens riche mais il ne restera pas grand chose "gentrifier", c'est un problme gnrationnel, nous aurons neuf mtres carr de moins que nos ains statistiquement, mais combien nous reviendront ceux que nous arriverons acqurir et seront-ils en centre-ville...
Dans le 93 certaines municipalits ont dcid de plafonner les loyers et les plue-values pour des raisons lectoralistes...mais je vis non loin de Bagnolet et de Montreuil et peux te dire que a n'empche pas grand chose...il n'y a que l'application scrupuleuse de la loi SRU qui fait baisser les prix alentours parce que les nouveaux acquisiteurs ne veulent pas vivre ct des HLM et des immigrs comme le chante Renaud dans sa chanson que je dteste...mais pour l'instant la mairie de Paris prfre s'occuper des cyclistes...

"Chacun cherche son chat" (dont je n'aime que l'aspect sociologique...) est un des rares films dans lequel on peut voir Olivier PY jouer...c'est mon auteur vivant de thtre prfr et un trs bon metteur en scne acteur, chanteur et cinaste...
Il prend la direction du Thre de l'Odon aprs avoir diriger le CDN d'Orlans, je ne permettrais pas de juger son action que je mconnais mais regrette juste que son nom ait disparu des ptitions ds lors qu'il est devenu ce fonctionnaire si apprci...

A bientt j'espre...et merci pour ton commentaire

Nicolas



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LA GENTRIFICATION

Le feuilleton "Plus belle la vie", sorte de "fotonovelas" la tapenade, prte sourire, voire fait clater de rire les marseillais qui savent les "intrieurs" tourns Paris en studio...mais ne faut-il pas envisager "Plus belle la vie" comme un rcit d'anticipation ?...



Je m'explique...
Vous n'ignorez pas que Marseille est en pleine mutation...le tramway roule depuis peu, les affaires aussi...
A l'instar du quartier...
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catprincess:

Bon dja juste un truc entre nous : "Plus belle la vie" c'est un gros navet de srie 2 balles naze de chez naze !
Aprs "Chacun cherche son chat " c'est un film que j'avais plutot bien aim, en fait j'aime bien Klapisch.

et dans ta reflexion sur la Gentrification tu peux aussi mettre dans le mme panier le quartier du canal St Martin grace au super navet muni d'une cape " PJ St Martin " ! biggrin

Mais srieusement jcomprend bien ce que tu veux dire
jsuis une ancienne du 18eme quartier Mairie et il sont en train de connaitre ca aussi

user112822141:
Les persos de PBLV n'ont rien de lisse et ce n'est pas tourn Paris.
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Ma bande-annonce prfre, en esprant que a vous donnera envie de le voir si, par hasard, ce petit monument d'humour noir manquait votre culture cinmatographique...

abbiss:
Je dois le voir!
user112822141:
Oui, je connais Pontault, j'ai des potes l-bas... Ce film a l'air bien cool.
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GODard et BourDieu





Vous n'tes pas obligs de vous taper toute la premire partie de la dmonstration stupide de cet employ de Canal +, en revanche les deux premires rpliques de Godard en prambule sont lumineuses de clairvoyance...
beeare:
Hey ! another member in suicide girls !!
Bon je peux la faire aussi en franais : c'est cool que tu sois l !
Ok...comentaire qui sert a rien !
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Vous connaissez ?



Pour moi le meilleur album de l'anne dernire...