Hi everybody !
Since I love writing, I'm gonna share you some short writings. Sorry, it's gonna be in french, I do not translate them... I'll begin with Incohérence. I hope you will like it !
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- Et ça recommence.
Elle est en cours, à sa table, physiquement du moins. Mais par flashs, la voilà à sa fenêtre ou, alternativement, dans son canapé. Elle a chuchoté – sans ouvrir les lèvres – pourtant, ses mots résonnent, se répercutent en échos, en trois échos, surtout, qui frappent ceux qu’elle voulait atteindre. Bien qu’elle ne soit pas certaine d’avoir voulu atteindre qui que ce soit.
« Tu ne peux pas nous en vouloir. »
- Peut-être pas. Mais je dois travailler.
Si possible. Elle tente de capter une phrase, qui l’accrocherait, la ramènerait au présent, loin des flashs, qui la tentent, mais qu’elle n’a pas envie de creuser maintenant, car ce n’est pas le moment. Son attention, déjà à la base limitée – son esprit vadrouille, elle a du mal à le diriger – est voilée par un flot de fatigue et elle peine à la convoquer, surtout qu’elle doit batailler pour les éloigner, eux, et les flashs, qui se font insistants.
Elle fait le lien. La fenêtre et le canapé, ce n’est pas elle. C’est lui.
- Tu sais que tu me compliques la tâche ?
« Non, je te la facilite. »
- Alors, on ne parle pas de la même tâche.
Il sourit pour toute réponse. Elle s’étonne de la facilité avec laquelle ils communiquent. Il manque quelque-chose – mis à part sa concentration, et sa présence au cours qui continue de se dérouler, sans elle, et qu’elle rate. Soudain, elle comprend que c’est une réaction, qui est absente. Elle sait pourtant qu’elle est là, puisqu’elle a encore sa protestation première dans les oreilles.
- Etonnant. Tu le laisses faire ? Je croyais que tu n’aimais pas « composer avec lui », pour reprendre tes mots.
« Je croyais que tu savais qu’il était vain de chercher une cohérence - tu en manques beaucoup. Mais je vais t’aider : j’ai envie de voir ce que ça donne. »
- C’est vous, qui manquez de cohérence…
Elle fait semblant d’ignorer que sa défense est aussi insensée que leurs comportements. Et que son comportement lui-même, finalement, puisque faire semblant, avec eux, n’a strictement aucun sens.
Elle tente d’attraper le fil au vol. Les machines, c’est le sujet. Un nom de film l’accroche, des questions, des problématiques… et soudain, elle se retrouve à sa fenêtre, sans vraiment savoir comment elle est arrivée là. Il fait nuit dehors. Un lointain écho de transhumanisme lui fait dresser l’oreille, mais l’appel de la nuit est bien plus fort. Surtout que la fenêtre est ouverte. Elle prend pied sur la « terrasse », en inspirant l’air froid, qui lui nettoie les pensées. Elle remarque qu’il bruine, et que ça ne la gêne pas. Encore une incohérence. Mais elle n’est plus à une près.
Elle se rend compte qu’elle n’est pas seule. A la réflexion, ce n’est pas surprenant. Il a bien fallu que quelqu’un l’amène là. Il est accroupi plus loin, défiant sans doute quelques lois physiques. A côté d’elle, plus bas, Clara est accoudée à la fenêtre, les yeux rivés vers l’extérieur. Elle jette un coup d’œil à l’intérieur, avise un homme en train de lire, qui lève les sourcils en la voyant le regarder.
- Vous n’essayez pas de me sortir de là ?
« Essayer, je veux bien, mais si vous n’êtes pas d’accord… Je fais difficilement le poids face à l’un d’entre eux – sans parler du surprenant accord dans lequel ils semblent actuellement se trouver – s’il faut en plus vous forcer… »
- Je n’aime pas trop ce que vous sous-entendez.
« Vous refusez de m’écouter… mais vous vous en mordrez les doigts plus tard. »
Elle se détourne, agacée. Elle sait bien qu’il a raison. Comme pour confirmer, la voix du prof l’atteint, à travers l’espace. Elle happe des mots au vol, mais ne parvient pas à leur donner un sens.
- Et puis zut. Je peux bien prendre un peu de temps pour moi.
« Pour nous, tu veux dire ? »
Elle ignore la voix moqueuse – et complice – de Clara, pour fixer son regard sur les toits. Sur celui en face, surtout, qui semble l’appeler.
- Tu crois qu’on peut d’abord essayer comme ça ?
« Je pense que tu peux déjà essayer… ce sont deux expériences différentes. »
Ce n’est pas la bonne voix qui lui a répondu, mais ils semblent pour une fois s’accorder. Elle décide de ne pas s’appesantir sur cette inhabituelle donnée. Après tout, ça fait longtemps qu’elle a lâché la cohérence. Elle décortiquera tout ça plus tard, si elle le décortique. Mais pour cela, il faut d’abord aller au bout.
- Je suis prête.
Elle avance sur la terrasse, droit vers le mur. Elle a décidé qu’elle passerait par là.
« Tu es pleine de surprises… »
Elle l’ignore, concentrée sur son équilibre. Rien que d’y penser, elle sent le vertige la happer, et elle manque de tomber. Elle tremble un peu.
- C’est haut…
« Le vertige ne t’embête pas, d’habitude. »
Il est à côté d’elle. Elle ne l’avait pas vu venir. Sa proximité l’électrise, rendant le vide encore plus présent. Au moment où elle se rend compte du changement de son rapport à celui-ci, il remarque :
« C’est mieux. »
« Il a fallu qu’il s’en mêle… Tu es en train de tomber sous son emprise. »
- Lâchez moi la grappe.
Elle essaie d’avancer, en ignorant le vide qui l’aimante, à travers la présence de Mïrïm. Ignorant aussi la réprobation qui émane de la silhouette accoudée.
- Je devrais tous vous balancer dans le vide. Je ne fais jamais ce que je veux sans qu’au moins un ne s’immisce.
« Remarque que ce n’est pas moi qui m’immisce. »
- Pas cette fois. Mais tu le fais plus souvent qu’à ton tour.
Elle reprend sa marche, en lui tenant la main, quoiqu’elle ignore s’il l’empêche de tomber, ou s’il la pousse au contraire vers le vide. Elle prend pied sur le toit, et la nuit est partout. Elle fixe ses yeux sur les étoiles. Qu’elle voit, alors qu’il pleut. Elle soupire. Elle n’est plus à ça près.
« Alors, tu apprécies la vue ? »
Elle tremble un peu. Les lumières des différentes fenêtres, la font se sentir ailleurs, mais proche en même temps, puisqu’elle voit la sienne, à laquelle Clara est accoudée. Elle a encore un pied dedans. Clara remarque, comme pour approuver :
« Moi, je reste à l’intérieur. Il fait froid dehors. Mais il a raison, vous avez une belle vue. »
Elle se retourne vers Mïrïm, qui attend, attentif à ses changements d’état.
« On avance encore un peu ? »
- Oui. Je veux aller au fond.
Elle est sur son canapé. Les coussins, rouges, se reflètent sur le support en lui-même.
- La couleur n’est pas la bonne. Et puis, qu’est-ce qu’on fait là ?
« On franchit encore une strate. Tu voulais aller au fond. »
- Mais s’il arrive, il ne sera qu’une projection. Ou vous fusionnerez. Je n’ai encore jamais fait ça.
« Ça te fait peur ? »
- Un peu.
« Pourtant, j’ai bien envie de te manger. »
Des dents se referment sur son dos, et elle hurle. La douleur la transperce et lui fait perdre pied. Un grondement monte en elle, et elle se débat en tous sens. Elle ne sait plus dans quel espace elle se trouve. Contre qui elle lutte. Elle ne veut pas lâcher prise, ou peut-être le veut-elle, mais n’est-elle du moins pas certaine de le pouvoir. Quelque-chose l’empêche de décrocher, et de prendre pied dans la strate qui lui est proposée.
Trop profond, peut-être. Ou trop mélangé.
« Ou alors, tu as peur de ce que tu vas y trouver. »
Elle nie de toute sa force. Et pourtant, ses tripes répondent. La sensation des dents dans sa chair la fait plonger, et la voilà dans ce canapé, rouge, qui ne devrait pas l’être, dans la lumière sanglante qui provient de l’écran et pare toute la scène d’un halo violent qui la met mal à l’aise. Sa respiration s’accélère, elle sent monter son envie de mordre. Ses crocs se plantent à leur tour dans la chair, qu’elle meurtrit. Une barrière, dans sa tête, lui apparaît, mais sa substance est d’une nature telle qu’elle ignore si elle est réellement tangible. A quel point elle peut, ou ne peut pas, continuer à mordre.
Les crocs ennemis s’enfoncent encore, en réponse, et un cri grognement lui échappe, tant la douleur est forte, puissante, elle la ravale à l’état d’une chose feulante et gémissante. Elle tente de riposter, mais elle a lâché prise, et alors que ses griffes tentent de lacérer, une main vient gifler son visage et la propulser contre le canapé, dont la couleur n’a pas été corrigée.
Les yeux qui se fixent sur elle la mangent, aussi bien que l’ont fait les dents auparavant. Une menace sourde, froide, incompréhensible dans sa distance et sa violence, qui veut la détruire, la ravaler. Ces yeux la font proie, ils la font jouet, et cette prise de conscience la fait prendre plus encore le rôle qu’ils lui attribuent. Niée dans sa résistance, elle est impuissante, et plonge violemment.
De retour sur le toit, elle le fixe d’un air de reproche :
- Tu te sers des autres pour me faire plonger dans le vide.
Il est à côté d’elle, et lui fait relever le menton.
« Et tu vas prétendre que ça te déplaît ? »
Une secousse, en elle, la fait tenter de se redresser. Elle se souvient de ses crocs, de ses griffes, de sa faim à elle, de la musique qui bat dans son corps et fait pulser son sang, de l’énergie dont elle est chargée. Elle se débat, griffe, referme ses dents sur une prise, qu’elle serre, dans son appétit. Cela la frustre plus encore, elle en veut davantage, et la voilà à grogner, s’oubliant, oubliant, jusqu’à être rappelée par son basculement sur le dos, et un corps qui la plaque sur le canapé rouge, une main qui agrippe ses cheveux et, violemment, l’attire, avant de lui plaquer de nouveau la tête contre le canapé, puis l’attire de nouveau alors qu’une autre main, surgie de nulle part, la frappe, la frappe, puis la frappe encore, sous ce regard, froid, destructeur, qui alimente sa flamme prédatrice, tout en ancrant, dans ses tripes, qu’elle n’est qu’une proie, qu’un jouet, impuissante dans sa résistance, destinée à être mangée. Comme pour le lui assener, des crocs se plantent dans sa chair, lui tirant un nouveau hurlement. Tout en luttant pour se nourrir elle aussi, elle s’offre à être dévorée.
« Tu le vois bien, que l’incohérence t’est inhérente. »