"Mais qu'arrive-t-il quand un tre humain est bout de forces? [...] Les yeux se fatiguent force de regarder en face. Rochers gris, basalte bleu, dsesprment douloureux. Si l'on regarde longtemps l'eau noire, rapide, brise de reflets, on a le vertige et l'on prouve quelque chose qui ressemble de la peur.
Se lever, pense-t-on, redresser ce dos douloureux.
[...]
Mais qu'entreprendre? N'y avait-il pas, hier encore, mille choses faire? Marcher dans les prs et se laisser porter en aval par le fleuve, escalader les rochers, sentir dans ses mains gratignes la pierre dure et brlante ; vaste vue sur la valle avec ses bergers et ses troupeaux, ses tentes, ses nomades, ses cent cinquante chevaux, ses bancs de sable blanc [...] C'tait cela vivre! Qu'est-ce-qui a chang depuis? On lve lentement la main et on serre le poing. Impossible de serrer le poing. Tout est fade et insipide, et le manque d'envie , maladie afreusement prouvante, pire que la malaria, niche dj dans votre dos , dans vos genoux, dans votre nuque. Les mains deviennent moites, parler demande trop d'efforts. Il faut se lever et marcher! [...] On est couvert de sueur , hors d'haleine, mais la peur est nouveau l, vous donner la nause, et on est bout, bout ...
[...]
Maman, pense-t-on, il y a quelque chose tout au dbut que j'ai fait de travers.Mais ce n'tait pas moi, c'tait la vie.
[...]
On se relve, un peu rconfort. Timidement, on pense des possibilits qui existent en dehors de ce pays dans une sorte de brouillard, trs loin."
Annemarie Schwarzenbach, La mort en Perse, p. 59-63.
Se lever, pense-t-on, redresser ce dos douloureux.
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Mais qu'entreprendre? N'y avait-il pas, hier encore, mille choses faire? Marcher dans les prs et se laisser porter en aval par le fleuve, escalader les rochers, sentir dans ses mains gratignes la pierre dure et brlante ; vaste vue sur la valle avec ses bergers et ses troupeaux, ses tentes, ses nomades, ses cent cinquante chevaux, ses bancs de sable blanc [...] C'tait cela vivre! Qu'est-ce-qui a chang depuis? On lve lentement la main et on serre le poing. Impossible de serrer le poing. Tout est fade et insipide, et le manque d'envie , maladie afreusement prouvante, pire que la malaria, niche dj dans votre dos , dans vos genoux, dans votre nuque. Les mains deviennent moites, parler demande trop d'efforts. Il faut se lever et marcher! [...] On est couvert de sueur , hors d'haleine, mais la peur est nouveau l, vous donner la nause, et on est bout, bout ...
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Maman, pense-t-on, il y a quelque chose tout au dbut que j'ai fait de travers.Mais ce n'tait pas moi, c'tait la vie.
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On se relve, un peu rconfort. Timidement, on pense des possibilits qui existent en dehors de ce pays dans une sorte de brouillard, trs loin."
Annemarie Schwarzenbach, La mort en Perse, p. 59-63.
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Thanks for the love on my new set