Le chemin semblait pourtant vident. Oncle Tom lui avait dit "Tu peux pas t'tromper ! Tu prends droite aprs la cabane du pcheur, tu continues cent mtres jusqu'au grand chne et tu marches jusqu' atteindre la grande route le long des champs de bl."
Oui, oncle Tom avait dit tout cela. Il l'avait dit Cdric. Cdric l'avait bien cout. Il en tait persuad. Le doute ne l'avait pas du tout perturb durant sa marche, depuis le village jusqu' la fort. Et puis, c'tait une occasion de montrer aux grands du village qu'il n'tait plus un petit.
Alors oui, Cdric avait bien cout oncle Tom. Quoi qu' bien y rflchir, pas tant que a. Cdric essayait dj de calculer combien de pots de confiture il pourrait soutirer de sa livraison sans que cela se remarque. Trois ? Non, bien trop. La mre Bertrand le verrait immdiatement, et le souponnerait. Deux. Deux, ce serait bien. Et puis, il n'aurait qu' reporter la faute sur les cousins Jean. Depuis leur dernier coup, ces deux l entendre les gens du village, taient capables de miracles, tels que porter une vache sur leurs paules pour mieux la voler.
Cdric avait donc pris le chemin indiqu par oncle Tom. Le panier pesait lourd contre son flanc, et il le changeait rgulirement de ct. Le soleil tait encore haut dans le ciel, visible travers les branchages se penchant sur le sentier. Les bourdons allaient, et venaient, l'observant avec curiosit. Les repres dans le paysage familier lui indiquaient le chemin. Enfin, il atteignait la cabane d'Andersen, le pcheur venu du Nord.
Sa cabane se trouvait l'cart du village parce que les gens ne l'aimaient pas trop. Personne ne connaissait son vrai nom. Lorsqu'il tait arriv, il avait tent de se prsenter, mais personne n'avait russi comprendre son nom. Il tait donc devenu Andersen, parce que c'tait ce que comprenaient les gens. Il avait expliqu dans sa langue, avec l'aide de force gestes et mimiques, qu'il tait pcheur et souhaitait s'installer ici. Les anciens du village prirent peur du personnage, craignant un quelconque mfait. Il lui fut donc demand de s'installer, d'accord, mais un peu plus loin quand mme. Bien sr, depuis tout le monde mangeait ses poissons, mais cela n'avait rien chang.
Andersen tait dehors, en train de travailler du bois pour son bateau quand Cdric passait, et hla le garon: "Frelse! Hvordan er det hen?
- Salut Andersen.
- Salut ! Eller vil du som ca ?
- coute, je ne parle toujours pas ta langue !
- Je sais, mais det er intet der, sm.
- C'est sr, et moi je carotte, aubergine et poil gratter."
Cdric continua son chemin, fier du tour qu'il venait de jouer un Andersen a l'air manifestement perplexe. C'tait devenu le grand jeu des enfants du village: dclamer de longues phrases sans queue ni tte au gant blond. Andersen le regardait partir et secouait l'instant d'un ample mouvement de ses longs cheveux, avant de retourner ses outils.
Il ne s'tait pas tromp. Cela ne pouvait lui arriver. Pas lui. N'tait-il pas un grand prsent? Les arbres lui paraissaient bien plus grands ... Le soleil n'tait plus visible depuis longtemps, mme si la pnombre n'tait pas encore tomb. Les insectes tourbillonnant autour de son visage taient partis et les oiseaux ne lanaient plus que de rares notes. Voyons ... Aucune raison de paniquer. Que pouvait risquer Cdric ? Tomber sur Long Puit, le village suivant ? La belle affaire, l'auberge accepterait de l'hberger contre un des pots de son panier, il en tirerait mme un bon repas et une paillasse satisfaisante. Un traitement de roi en somme !
Ses rveries s'interrompirent lorsqu'un bruit de branche se cassant sous l'effet d'une pousse se fit entendre. Cdric s'immobilisa, un pied encore en l'air. Il le reposa lentement, tournant la tte vers la lisire du bois sur sa droite, en direction du bruit, retenant encore sa respiration. Le cur encore rsonnant aux tympans, il ramena son regard sur la piste, puis sur sa gauche. Dglutissant enfin, court de souffle, il s'entendit dire: "Il y a quelqu'un ?".
Oui, oncle Tom avait dit tout cela. Il l'avait dit Cdric. Cdric l'avait bien cout. Il en tait persuad. Le doute ne l'avait pas du tout perturb durant sa marche, depuis le village jusqu' la fort. Et puis, c'tait une occasion de montrer aux grands du village qu'il n'tait plus un petit.
Alors oui, Cdric avait bien cout oncle Tom. Quoi qu' bien y rflchir, pas tant que a. Cdric essayait dj de calculer combien de pots de confiture il pourrait soutirer de sa livraison sans que cela se remarque. Trois ? Non, bien trop. La mre Bertrand le verrait immdiatement, et le souponnerait. Deux. Deux, ce serait bien. Et puis, il n'aurait qu' reporter la faute sur les cousins Jean. Depuis leur dernier coup, ces deux l entendre les gens du village, taient capables de miracles, tels que porter une vache sur leurs paules pour mieux la voler.
Cdric avait donc pris le chemin indiqu par oncle Tom. Le panier pesait lourd contre son flanc, et il le changeait rgulirement de ct. Le soleil tait encore haut dans le ciel, visible travers les branchages se penchant sur le sentier. Les bourdons allaient, et venaient, l'observant avec curiosit. Les repres dans le paysage familier lui indiquaient le chemin. Enfin, il atteignait la cabane d'Andersen, le pcheur venu du Nord.
Sa cabane se trouvait l'cart du village parce que les gens ne l'aimaient pas trop. Personne ne connaissait son vrai nom. Lorsqu'il tait arriv, il avait tent de se prsenter, mais personne n'avait russi comprendre son nom. Il tait donc devenu Andersen, parce que c'tait ce que comprenaient les gens. Il avait expliqu dans sa langue, avec l'aide de force gestes et mimiques, qu'il tait pcheur et souhaitait s'installer ici. Les anciens du village prirent peur du personnage, craignant un quelconque mfait. Il lui fut donc demand de s'installer, d'accord, mais un peu plus loin quand mme. Bien sr, depuis tout le monde mangeait ses poissons, mais cela n'avait rien chang.
Andersen tait dehors, en train de travailler du bois pour son bateau quand Cdric passait, et hla le garon: "Frelse! Hvordan er det hen?
- Salut Andersen.
- Salut ! Eller vil du som ca ?
- coute, je ne parle toujours pas ta langue !
- Je sais, mais det er intet der, sm.
- C'est sr, et moi je carotte, aubergine et poil gratter."
Cdric continua son chemin, fier du tour qu'il venait de jouer un Andersen a l'air manifestement perplexe. C'tait devenu le grand jeu des enfants du village: dclamer de longues phrases sans queue ni tte au gant blond. Andersen le regardait partir et secouait l'instant d'un ample mouvement de ses longs cheveux, avant de retourner ses outils.
Il ne s'tait pas tromp. Cela ne pouvait lui arriver. Pas lui. N'tait-il pas un grand prsent? Les arbres lui paraissaient bien plus grands ... Le soleil n'tait plus visible depuis longtemps, mme si la pnombre n'tait pas encore tomb. Les insectes tourbillonnant autour de son visage taient partis et les oiseaux ne lanaient plus que de rares notes. Voyons ... Aucune raison de paniquer. Que pouvait risquer Cdric ? Tomber sur Long Puit, le village suivant ? La belle affaire, l'auberge accepterait de l'hberger contre un des pots de son panier, il en tirerait mme un bon repas et une paillasse satisfaisante. Un traitement de roi en somme !
Ses rveries s'interrompirent lorsqu'un bruit de branche se cassant sous l'effet d'une pousse se fit entendre. Cdric s'immobilisa, un pied encore en l'air. Il le reposa lentement, tournant la tte vers la lisire du bois sur sa droite, en direction du bruit, retenant encore sa respiration. Le cur encore rsonnant aux tympans, il ramena son regard sur la piste, puis sur sa gauche. Dglutissant enfin, court de souffle, il s'entendit dire: "Il y a quelqu'un ?".
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Affaire suivre...